Une utopie socio-industrielle
Ville industrielle planifiée, Arvida naît du désir de l’Aluminum Company of America (Alcoa) de s’implanter sur le territoire, notamment en raison du grand potentiel hydroélectrique de la région. Ainsi, la compagnie acquiert 6000 acres de terre (2400 hectares) dans l’objectif d’édifier une métropole aluminière de 25 000 à 50 000 habitants. Créée de toutes pièces, la Cité d’Arvida doit ses plans à Hjalmar Ejanas Skougor et Harry Beardslee Brainerd et son nom au président d’Alcoa, ARthur VIning DAvis. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, Arvida est propulsée sur l’échiquier mondial en raison de son aluminerie. En effet, le grand besoin d’aluminium pour la fabrication du matériel de guerre amène de nombreux agrandissements, autant dans la ville que dans l’usine. En 1943, l’aluminerie d’Arvida est la plus importante productrice d’aluminium du monde et elle joue un rôle déterminant dans la victoire des Alliés.
Surnommée la « Washington du Nord », Arvida constitue un modèle parmi les villes de compagnie planifiées du xxe siècle. Elle se distingue des autres pour plusieurs raisons, dont l’envergure de sa conception, la sophistication de son urbanisme de même que sa modernité sociale et culturelle. Arvida est l’héritière d’une longue tradition urbanistique puisqu’elle est l’aboutissement de décennies de recherches architecturales, sociales, économiques et technologiques sur l’habitat ouvrier, sur les villes nouvelles ainsi que sur les villes industrielles planifiées. Elle représente la réalisation des ambitions utopiques dans la vision de « l’imagination sans réalité » de la Cité industrielle de l’urbaniste français Tony Garnier. L’ouvrage, publié en 1917, est l’issue de plusieurs théories de l’urbanisme élaborées à la suite de la révolution industrielle dans l’Europe du xixe siècle. Garnier a réalisé une étude sur la construction des villes. Il s’agit d’un projet d’une cité type, idéale et autosuffisante. Les constructions hautes sont mises de côté. La ville est divisée en zones selon les grandes fonctions telles que le travail, l’habitat, la santé et les loisirs. Elle s’organise autour du travail, où tout est planifié pour le bien-être des habitants, majoritairement des ouvriers.
C’est dans cette vision de ville nouvelle qu’Arvida est créée : une grande ville, verte, attirante et confortable où la maison unifamiliale est privilégiée. Arvida s’inscrit dans les utopies socio-industrielles. Par l’intermédiaire de ses créateurs, Alcoa et, par la suite, l’Aluminum Company of Canada ont tenté de conceptualiser une société idéale où il fait bon vivre.
Une ville industrielle planifiée
Tout comme les dirigeants d’Alcoa, d’autres entrepreneurs se sont intéressés à la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour ses ressources naturelles. Les vastes forêts ainsi que les milliers de cours d’eau ont attiré des compagnies et, par le fait même, l’implantation de plusieurs usines, souvent installées en pleine nature. Les dirigeants doivent donc faire construire des résidences afin de loger la main-d’œuvre ainsi que toutes les infrastructures nécessaires au bien-être des habitants. La région est pourvue de plusieurs villes de compagnie, plus précisément des milltowns (villes-usines). La plupart d’entre elles existent toujours, tandis que d’autres ont été abandonnées.
Val-Jalbert
En 1901, Damase Jalbert fonde la Compagnie de pulpe Ouiatchouan et procède à l’érection d’une usine au pied de la chute. La force hydraulique de la rivière du même nom permet l’acheminement du bois vers l’usine et le fonctionnement de la machinerie. La mort de Jalbert entraîne la vente de la compagnie à des actionnaires américains en 1904. À la suite d’une faillite de ces derniers, Julien-Édouard-Alfred Dubuc se porte acquéreur en 1907.
Les débuts du village nommé Ouiatchouan sont plutôt modestes. On y retrouve une petite église ainsi que quelques résidences pour les ouvriers et contremaîtres. Dubuc procède à l’agrandissement de l’usine et de la zone résidentielle. En 1915, le site acquiert le statut de village et prend le nom de Val-Jalbert. À l’entrée du village se trouve la zone institutionnelle et commerciale, tandis que la zone industrielle se situe à l’autre bout. Entre les deux se trouve la zone résidentielle. Chaque habitation est dotée de l’électricité, de l’eau courante et d’un chauffage à air pulsé. Il existe quatre types de maisons à Val-Jalbert. Les types I (premières habitations construites) et IV (dernières habitations construites) sont des maisons doubles. Les types II et III sont des maisons unifamiliales. Notons également que les types III et IV, conçus par l’architecte Alfred Lamontagne, se retrouvent également à Port-Alfred.
Après avoir changé de propriétaires dans les années 1920, l’usine de Val-Jalbert ferme définitivement en 1927. Le fait que l’usine fabrique de la pulpe et non du papier de même que les ennuis financiers de la Quebec Pulp and Paper Mills marquent la fin de ce village. Ce dernier est déserté par ses habitants. Le village est aujourd’hui un site touristique.
Kénogami
Devenu propriétaire de la compagnie Price Brothers à la mort de son oncle, William Price III effectue un changement majeur à l’entreprise en misant sur la production de papier journal. À la suite de ses premiers essais à la pulperie de Jonquière, il entreprend la construction d’une grande papeterie en achetant quelques lots. Celle-ci est munie de trois machines à papier, puis, au bout de quelques années, quatre autres viennent s’ajouter, faisant de l’usine de Kénogami l’une des plus importantes du monde.
Parallèlement à la construction de l’usine, la Kénogami Land, une filiale de la compagnie, organise le lotissement urbain. Les plans de la future agglomération sont l’œuvre de l’arpenteur Elzéar Boivin et ce dernier s’inspire des créations réalisées aux États-Unis. Il privilégie le plan en damier avec des rues étroites et divise la ville en deux parties. La voie ferrée apparaît littéralement comme une frontière ethnique et psychologique. À l’ouest de celle-ci se trouve le quartier des cadres, où l’architecture mélange le style néo-Tudor et Queen Anne. Cette zone, plus petite, mais dont les maisons sont plus imposantes, est surnommée le « Quartier des Anglais ». À l’est se dresse le quartier des ouvriers, où l’on retrouve des dizaines d’habitations, des institutions scolaires et religieuses ainsi que des commerces. Ce secteur abrite des ouvriers de toutes les provenances.
À la suite de la mort de Sir William Price en 1924, l’entreprise passe aux mains de ses fils. En 1974, la Price Brothers est fusionnée à l’Abitibi Pulp and Paper Company et devient Abitibi-Price. C’est également vers la fin des années 1970 que la compagnie délaisse la production de papier journal au profit de papiers spéciaux. L’usine est aujourd’hui la propriété de Produits forestiers Résolu. Quant à la ville de Kénogami, après avoir été créée en tant que village en 1912, puis en tant que ville en 1920, elle fusionne finalement avec Jonquière et Arvida en 1975. Si vous désirez en apprendre davantage sur l’histoire de Kénogami et de ses travailleurs, rendez-vous sur http://sirwilliamprice.com/
Port-Alfred
L’établissement de la pulperie de Port-Alfred est dû à la demande toujours croissante en papier journal au début du xxe siècle. Après avoir réuni la quantité nécessaire de capitaux afin de financer le projet, Julien-Édouard-Alfred Dubuc et ses partenaires se lancent dans la production de pâte au bisulfite. La Ha! Ha! Bay Sulphite Company est officiellement créée en avril 1916 et les premiers ballots de pulpe sont produits en 1918. En 1926, la Port Alfred Pulp & Paper Corporation, propriétaire, convertit l’usine en papetière.
C’est en 1918 que Port-Alfred acquiert le statut de village, puis de ville en 1929. Tout comme à Kénogami, Rodolphe E. Jauron privilégie un plan en damier pour la nouvelle agglomération. On
y retrouve un quartier destiné aux cadres et un autre pour les ouvriers. La ville est construite en trois phases. Quatre modèles de maisons sont construits durant la première phase. Une cinquantaine de résidences revêtues de brique ou de lambris de même que des maisons jumelées destinées aux célibataires sont construites en 1920. Six ans plus tard, la dernière phase de construction voit apparaître trois autres modèles de maisons en brique ainsi que les premiers bungalows. Quant au secteur commercial, il s’agrandit avec les années. En 1976, Port-Alfred est fusionnée avec Grande-Baie et Bagotville. La nouvelle municipalité prend le nom de La Baie. En 2002, La Baie est intégrée à la ville de Saguenay. Deux ans plus tard, la papeterie de Port-Alfred ferme définitivement. Elle est démantelée quelques années plus tard.
Riverbend
La construction de l’usine et de la ville de Riverbend est étroitement liée à l’édification de la centrale hydroélectrique Isle-Maligne. Dès 1924, la Price Brothers y entame la construction d’une papeterie. En décembre 1925, le premier rouleau de papier y est produit.
Parallèlement, le territoire est détaché de Saint-Joseph-d’Alma afin de procéder à la création d’une nouvelle municipalité. La nouvelle ville, nommée Riverbend, est destinée à loger les cadres et les employés qualifiés de la compagnie. Les employés sont répartis dans la municipalité selon une certaine hiérarchisation. On dénote trois secteurs. Les employés supérieurs jouissent de maisons spacieuses et de terrains vastes. La plupart des résidences sont de style vernaculaire américain, quoique certaines soient de style Mansart américain, d’influence coloniale et d’inspiration Tudor. Les ouvriers de l’usine demeurent quant à eux à Saint-Joseph-d’Alma et à Naudville. En 1962, Riverbend est fusionnée à Alma. Quant à l’usine, elle est la propriété de Produits forestiers Résolu depuis 2011.
Isle-Maligne
C’est à la suite d’une association entre James Buchanan Duke et Sir William Price qu’a lieu la construction d’une centrale hydroélectrique sur la rivière Grande Décharge. Les travaux débutent durant l’hiver 1923-1924 et requièrent une grande quantité de travailleurs. Cette main-d’œuvre d’origines diverses se loge dans des camps érigés sur la rive sud de la Grande Décharge. Ces derniers, supposément temporaires, servent jusque dans le milieu des années 1930. La zone des camps est divisée en quatre secteurs : la première comprend les camps des ouvriers ainsi que les bâtiments pour les services et les commerces. Un peu à l’écart se trouvent les camps des contremaîtres. Quelques maisons se situent dans la zone III et, finalement, la zone IV comporte les bâtiments des administrateurs et les bureaux de la compagnie.
Lorsque prennent fin les travaux de construction de la centrale, la compagnie fait bâtir un petit secteur destiné à accueillir les cadres supérieurs. Ainsi, non loin de la centrale, à environ 200 mètres, se dressent sept maisons. Cependant, aucun aménagement n’est créé pour les autres employés. Certes, les camps en place sont améliorés et d’autres plus petits sont construits, mais rien de permanent. Malgré le fait qu’Isle-Maligne obtient le statut de ville le 15 mars 1924, ce n’est qu’en 1935 que l’aménagement d’une zone résidentielle débute. Ce retournement est en partie attribuable aux pressions exercées par les municipalités voisines, qui menacent de reprendre les territoires détachés en 1924. En 1936, les premières maisons sont construites. On y retrouve également deux garages communautaires et un espace pour l’aménagement d’un parc. Peu à peu, la ville s’agrandit. La grande demande d’aluminium durant la Seconde Guerre mondiale amène l’Aluminum Company of Canada à construire une usine à Isle-Maligne. Cette usine, supposément temporaire, s’avèrera permanente, ce qui a comme conséquence la création de nouveaux quartiers dans les années 1950. L’aluminerie est toujours en activité et appartient à Rio Tinto.
Dolbeau
La papeterie de Dolbeau, dernière de la région, est érigée en 1926 par la Leaside Engineering, qui deviendra par la suite la Lake St. John Power. C’est en grande partie grâce à l’association d’Emil Andrew Wallberg et de H. H. Horsefall avec William Randolph Hearst, magnat de la presse écrite qui permet la construction. En achetant le papier pour la production de journaux et de magazines dont il est propriétaire, Hearst assure la rentabilité et la stabilité de l’entreprise.
Dolbeau obtient officiellement le statut de ville en 1927. Cette dernière est établie selon un tracé orthogonal par Jules-Armand Beauchemin. La ville est divisée en deux quartiers distincts : l’un pour les cadres, où les bâtiments sont plus vastes et où la nature est plus présente, et l’autre pour les ouvriers, où les maisons sont plus petites. Il est également possible d’acheter un terrain pour la somme de 25 $ afin d’y construire une maison. Entre les deux quartiers se trouvent la plupart des commerces. En 1997, la ville de Dolbeau fusionne avec Mistassini. L’usine est toujours en activité et appartient à Produits forestiers Résolu.
Ville-Racine
Quelques années seulement après son implantation dans la région, l’Aluminum Company of Canada entreprend la construction d’une centrale, Chute-à-Caron, afin de lui fournir plus d’électricité. Les travaux débutent dès 1927 et la centrale amorce sa production d’électricité en 1931.
Constituée en mars 1928, Ville-Racine naît du besoin de loger les travailleurs et de les accommoder. La ville est érigée sur un plateau à proximité du site et peut contenir une centaine de maisons. Ville-Racine ne compte cependant qu’une dizaine d’habitations jusqu’aux années 1940. L’augmentation de la demande d’aluminium durant la Seconde Guerre mondiale amène la production d’une grande quantité de ce métal. C’est dans ce contexte que l’Aluminum Company of Canada entame la seconde phase de développement du complexe Shipshaw. Le barrage et la centrale hydroélectrique de Shipshaw doivent être construits très rapidement. Des milliers d’hommes y travaillent, amenant Ville-Racine à s’agrandir. D’autres maisons sont construites et on y retrouve des bâtiments pour les dames, un hôpital, une chapelle, un bureau d’administration, une station de police et une caserne de pompiers. Chaque habitation bénéficie du réseau d’aqueduc et d’égout ainsi que d’un système de chauffage central.
La fin des travaux entraîne la fin de Ville-Racine. L’Aluminum Company of Canada étudie plusieurs scénarios afin de réutiliser les bâtiments. Ville-Racine ferme définitivement le 8 janvier 1944 et son territoire est joint à celui d’Arvida.
Une région promue à l’international
L’établissement d’Alcoa et d’autres industries sur le territoire n’aurait pas pu être possible sans la connaissance de la région et de son potentiel industriel. Certes, l’hôtel Beemer à Roberval et le Château Saguenay à Chicoutimi attirent une clientèle aisée et cosmopolite. Cependant, bien conscients de la richesse de la région, Joseph-Dominique Guay et quelques hommes d’affaires, dont Julien-Édouard-Alfred Dubuc, élaborent un plan de promotion économique afin d’attirer les investisseurs. Débute ainsi une campagne publicitaire faisant l’éloge des avantages pour les industries de venir s’établir au Saguenay. En plus de la publicité dans divers journaux du Québec, une tournée est entreprise à Montréal, à Sault-Sainte-Marie ainsi qu’à New York. Dubuc entretient également une correspondance avec des ingénieurs et des industriels allemands, britanniques et canadiens-anglais.
Devant les efforts restés vains, et sous les conseils de Dubuc, les hommes d’affaires décident d’investir eux-mêmes dans la création d’entreprises régionales. La Compagnie de pulpe de Chicoutimi est créée. Afin de diminuer les coûts liés au transport de la pulpe et d’en faciliter le déplacement, des infrastructures sont mises en place. Par l’intermédiaire de la Compagnie du chemin de fer de la Baie des Ha! Ha! (qui deviendra Roberval-Saguenay), la pulperie se trouve reliée à Bagotville. Vu la demande toujours croissante du papier journal, Dubuc se lance dans la production de pâte au bisulfite à Port-Alfred. C’est dans ce contexte que les installations portuaires à l’embouchure de la rivière à Mars sont mises en place.
Lorsqu’Alcoa s’établit, Dubuc est acculé à la faillite. L’Aluminum Company of America acquiert le chemin de fer de Roberval-Saguenay ainsi que les installations portuaires. Par la suite, la compagnie procède à d’importants travaux.
https://youtu.be/VqwRAhwRUXA
Une région avantagée
Dès la fin du XIXe siècle, des études sont réalisées et démontrent le grand potentiel hydroélectrique de la région. Persuadé que l’exploitation des ressources hydrauliques amènera le développement des régions et, par le fait même, de la richesse, le politicien Louis-Alexandre Taschereau met en place une politique favorable aux investissements étrangers. C’est dans ce contexte que s’inscrit le développement des grands barrages hydroélectriques du Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Isle-Maligne
Impressionné par le potentiel hydroélectrique, James Buchanan Duke, magnat américain du tabac, achète les concessions de la Grande Décharge à la suite de sa visite dans la région en 1912. Duke crée une compagnie canadienne, la Quebec Development Corporation. Cependant, l’absence de demande retarde ses projets. Désireux de construire une seconde usine de pâtes et papiers non loin d’Alma, Sir William Price acquiert 25 % des actions de la Quebec Development en 1920. Ensemble, Duke et Price fondent la Duke-Price Power Company et entament la construction de la centrale hydroélectrique d’Isle-Maligne.
Les travaux, qui débutent à l’hiver 1924, sont réalisés par un grand nombre de travailleurs recrutés un peu partout. Des batardeaux sont mis en place pour assécher le site. Non loin du site se trouvent un atelier de menuiserie, un atelier de machinerie, une scierie, deux concasseurs et un mélangeur de ciment ainsi que des carrières de sable et de gravier. La première des huit génératrices entre en fonction le 24 avril 1925. Elle est suivie de près par les autres. L’électricité requise par la Price Brothers ne représente qu’une fraction de la capacité de la centrale. La plus grande centrale hydroélectrique du monde pouvait encore fournir de l’électricité à un client potentiel.
Un vaste potentiel hydroélectrique
Shipshaw I
À la suite de l’association entre James Buchanan Duke et Arthur Vining Davis, l’Aluminum Company of America(Alcoa) s’implante au Saguenay. La centrale d’Isle-Maligne permet la construction de l’aluminerie et les premiers besoins de l’usine. Dès l’arrivée sur le territoire, Alcoa projette de construire une centrale à Chute-à-Caron. Il est prévu de détourner les eaux du Saguenay vers la rivière Shipshaw par un canal artificiel et de construire une centrale hydroélectrique à l’embouchure de la rivière Shipshaw. Le projet paraît monumental et coûteux : il est donc divisé en deux étapes.
Les travaux débutent en 1926. La rivière se révèle un obstacle en raison de son volume d’eau considérable et extrêmement rapide de même que de ses bords escarpés. Les techniques traditionnelles s’avèrent inefficaces. James W. Rickey, ingénieur en chef en hydraulique, a l’idée de construire un immense obélisque en béton massif dont l’un des côtés s’adapterait parfaitement au lit de la rivière et qu’on ferait basculer. Cette structure de béton mesure 28 mètres de hauteur et pèse 10 000 tonnes. Cet exploit unique au monde attire un bon nombre de curieux dans la région. La centrale de Chute-à-Caron entre en service en janvier 1931.
Shipshaw II
La seconde étape du projet est oubliée pendant un temps. La demande croissante d’aluminium durant la Seconde Guerre mondiale amène l’Aluminum Company of Canada à amorcer des agrandissements dans son aluminerie, ce qui exige davantage d’énergie. C’est dans ce contexte qu’est entamée la seconde phase de développement du complexe Shipshaw. Plus de 10 000 hommes travaillent à la construction, qui débute en 1941. Les deux premières génératrices démarrent en novembre 1942, suivies des 10 autres, à intervalles réguliers.
Un site prometteur
En avril 1925, Edwin S. Fickes, ingénieur en chef d’Alcoa, et Irving W. Wilson arrivent dans la région afin d’établir l’endroit exact où l’aluminerie sera construite. Trois sites sont considérés : Saguenayville, la baie des Ha! Ha! et le plateau « Le Redan ». Situé à mi-chemin entre Chicoutimi et Jonquière, le plateau Le Redan, aujourd’hui connu comme Arvida, s’avère l’endroit le plus stratégique pour la construction de l’usine.
L’emplacement est choisi pour de multiples raisons. Le terrain, qui présente plusieurs plateaux, s’avère idéal pour la construction de l’usine et de la ville. Également, le secteur se situe près de la future centrale qu’Alcoa projette de construire à Chute-à-Caron. De plus, la proximité du port de la baie des Ha! Ha! ainsi que l’existence du chemin de fer Roberval-Saguenay et du Canadien National influencent la décision de la compagnie de choisir Arvida comme lieu d’implantation de la nouvelle usine.
En août 1925, des réunions sont tenues avec les cultivateurs dont les terres se trouvent sur le site choisi par Alcoa. Ces assemblées ont comme objectif d’expliquer le projet et les intentions de la compagnie. Une soixantaine de terres sont achetées. Alcoa investit plus d’un million de dollars pour acquérir 2400 hectares.